L’Espagne, la France et le Portugal avancent dans l’évaluation coordonnée de la mise en œuvre de la Directive-Cadre Stratégie Maritime

L’objectif principal de la directive-cadre « Stratégie pour le milieu marin » (DCSM) est de parvenir à un bon état de conservation dans les eaux européennes. Dans ce sens, le projet européen CetAMBICion « Stratégie coordonnée pour l’évaluation, le suivi et la gestion des cétacés dans la sous-région du Golfe de Gascogne et de la côte ibérique » poursuit... Lire la suite »

L’objectif principal de la directive-cadre « Stratégie pour le milieu marin » (DCSM) est de parvenir à un bon état de conservation dans les eaux européennes. Dans ce sens, le projet européen CetAMBICion « Stratégie coordonnée pour l’évaluation, le suivi et la gestion des cétacés dans la sous-région du Golfe de Gascogne et de la côte ibérique » poursuit parmi ses objectifs l’évaluation des efforts réalisés par trois Etats membres, l’Espagne, la France et le Portugal pour atteindre le bon état écologique des eaux marines et, plus spécifiquement, en ce qui concerne l’état de conservation des mammifères marins.

À cette fin, diverses études ont été réalisées pour modéliser la distribution, l’abondance et l’utilisation de l’habitat des différentes espèces de mammifères marins présentes dans les eaux de la sous-région du golfe de Gascogne et de la côte ibérique, ainsi que pour établir une liste sous-régionale d’espèces, des indicateurs et une échelle d’évaluation afin de définir une stratégie et un programme de surveillance coordonnés dans les trois pays.

L’ÉLABORATION D’UNE LISTE RÉGIONALE D’ESPÈCES

Tout d’abord, les informations rapportées par chaque État membre au niveau national lors de la mise en œuvre du DMEM ont été compilées et analysées afin d’élaborer une future liste régionale d’espèces de cétacés. Ce travail a permis d’identifier les problèmes d’évaluation et de conservation des cétacés, l’intégration des différentes politiques et la nécessité d’une coordination sous-régionale pour établir des critères, des méthodologies et des valeurs seuils standardisés.

Au cours de cette évaluation, les données rapportées ont été examinées pour différents aspects, tels que les critères de mortalité par capture accidentelle, la taille de la population de chacune des espèces, leurs caractéristiques démographiques, leur distribution et leur répartition ainsi que les types d’habitat des cétacés. Cette analyse et ses résultats ont pour but de contribuer à renforcer la coordination entre les États membres afin d’améliorer l’homogénéité et la cohérence de la mise en œuvre de la DMM et de comprendre l’approche de chaque pays en ce qui concerne l’élaboration d’une stratégie coordonnée pour estimer et réduire les prises accessoires de cétacés et contribuer à la conservation des cétacés.

Parmi les principaux critères d’évaluation de l’état de conservation des espèces, l’abondance et la répartition des populations ont été prises en compte. Cependant, différentes approches ont été utilisées pour estimer ces paramètres, ce qui entraîne des différences dans l’état de conservation de ces espèces. Malgré cela, on peut affirmer que plusieurs espèces sont dans un état de conservation défavorable, comme le dauphin commun ou le marsouin commun, pour lesquels les données disponibles montrent des populations limitées et les différentes pressions.

En ce qui concerne l’évaluation des prises accessoires, les espèces risquant d’être capturées comme telles ont été signalées et, à cet égard, les trois pays ont fait état du dauphin commun, du marsouin commun et du grand dauphin. Le Portugal a également fait un rapport sur les petits rorquals et l’Espagne sur les globicéphales à nageoires courtes.

Les futures mesures d’atténuation des prises accessoires seront basées sur les résultats des études réalisées dans le cadre du projet, et pourraient concerner des engins de pêche plus sélectifs et/ou la pêche récréative.

L’ABONDANCE, LA DISTRIBUTION ET L’HABITAT

D’autre part, différents travaux scientifiques et techniques ont été réalisés pour déterminer l’abondance des mammifères marins dans les eaux de la sous-région du Golfe de Gascogne et de la côte ibérique. Cependant, une méthodologie commune avec une approche acceptée par les trois pays n’est pas encore disponible, donc, conformément aux exigences du DMEM, une première approche du projet a été basée sur la compilation et l’analyse conjointe de toutes les informations existantes sur le suivi des cétacés marins dans le territoire d’action, dans le but de fournir des données sur l’abondance, la distribution et l’utilisation de l’habitat de ces espèces.

Cette analyse, qui a porté sur les données de 2005 à 2020, a couvert un total de 242 646 km, dont les informations ont été recueillies sur 145 929 km surveillés depuis des navires et 96 717 km depuis des avions. Ces enquêtes ont permis de dénombrer 55 000 dauphins communs, 7 000 grands dauphins, 6 000 dauphins rayés, 3 500 globicéphales noirs, 1 400 rorquals communs, 500 marsouins communs, 350 dauphins de Risso, 100 baleines à bec de Cuvier, 100 cachalots et 100 petits rorquals.

En outre, une analyse des lacunes dans l’espace et dans le temps a été réalisée afin de mettre en évidence les données manquantes pour une évaluation complète, ce qui a permis de souligner les différences tant au niveau des méthodologies que des informations disponibles pour chaque espèce.

LA DIRECTIVE-CADRE SUR LA STRATÉGIE MARINE

La directive-cadre « Stratégie pour le milieu marin« , en vigueur depuis 2008, a introduit un cadre juridique exigeant qui oblige les États membres à établir des stratégies pour leurs eaux afin de maintenir ou d’atteindre un bon état écologique du milieu marin, par l’application d’une approche fondée sur la gestion des activités humaines.

Cette directive inscrit dans un cadre législatif l’approche écosystémique de la gestion des activités humaines ayant un impact sur le milieu marin, en intégrant les concepts de protection de l’environnement et d’utilisation durable.

LE PROJET

Le projet CetAMBICion, «Stratégie Coordonnée d’Évaluation, de Suivi et de Gestion des Cétacés dans la sous-région du Golfe de Gascogne et de la côte ibérique», vise à contribuer à la réduction de la mortalité des cétacés due aux captures accidentelles dans les filets de pêche, en collaboration avec le secteur de la pêche. Il est coordonné par l’Institut de Recherche Marine du CSIC (IIM-CSIC) et compte la participation de 15 partenaires d’Espagne, de France et du Portugal.

Cette initiative fait partie de l’appel DG ENV/MSFD 2020 (Directive-Cadre Stratégie Marine) de la Commission européenne, et les objectifs sont également alignés sur la Directive Habitats et la Politique Commune de la Pêche.